Yoga et alimentation

« Pour beaucoup d’Occidentaux, le yogi idéal est un ascète squelettique, mal nourri, émacié, et pour qui manger compte si peu qu’il jeûne de longs jours, qui considère la nourriture comme trop terre à terre pour mériter son attention. Rien n’est plus éloigné de la vérité. »

— André Van Lysebeth

Le yoga et la cuisine (végétale en ce qui me concerne) sont 2 de mes passions. Elles occupent toutes les 2 une grande place dans mon quotidien, au point que j’y consacre plusieurs heures chaque jour. D’ailleurs, pratiquer le yoga et avoir une alimentation végétale (ou a minima végétarienne) sont pour moi indissociables. Le 1er pilier du yoga, yama, met en évidence le principe de non-violence – ahimsa – qui sert de base à nos relations aux autres et à nous-mêmes. Ainsi, pour beaucoup de yogi·ni·s, l’une des mises en pratique d’ahimsa est le végétalisme.

Bien sûr, il n’y a pas une seule façon de pratiquer le yoga, et loin de moi l’idée de vous dire comment vous alimenter. Mais si vous pratiquez le yoga vous vous intéresserez certainement à un moment à l’alimentation végétarienne voire végétalienne.

Les principes de l’alimentation yogique

Selon la philosophie du Sâmkhya, qui a inspiré en partie la pratique du yoga, tout objet (humain, animal, végétal, minéral) est composé de 3 qualités, 3 substances essentielles, les 3 gunas :

  • sattva : la pureté, la vérité, l’équilibre, l’harmonie
  • rajas : l’énergie, la passion, l’agitation, le désir
  • tamas : l’inertie, la lourdeur, l’obscurité, la passivité

Ces 3 gunas sont donc présents aussi dans la nourriture : certains aliments sont considérés comme étant de nature sattvique, d’autres de nature rajasique et d’autres encore de nature tamasique. La pratique du yoga accorde la faveur aux produits sattviques, afin de purifier le corps et l’esprit. Ils sont donc à consommer préférentiellement et à volonté. Mais les aliments rajasiques et tamasiques ont également leurs propriétés : aux premiers la créativité, aux seconds la stabilité.

Quelques exemples :

  • Aliments sattviques : céréales complètes, fruits et légumes frais, graines et graines germées, oléagineux, légumineuses, citron, eau, tisane…
  • Aliments rajasiques : poireau, ail, oignon, chocolat, café, thé, piment, sucre raffiné, boissons glacés, aliments trop secs, trop chauds, trop acides, trop salés, trop épicés…
  • Aliments tamasiques : viandes, coquillages, œufs, aliments transformés, aliments frits, aliments surgelés, aliments périmés, aliments séchés, alcool…

Cadre du repas

Un lieu agréable, propre, calme, lumineux, aéré est le plus adéquat et constitue une condition sattvique de prise de repas. A l’inverse, un repas pris dans des conditions rajasiques (bruit, excitation, mouvement) ou tamasiques (violence, saleté) perd son impact bénéfique, même si les aliments sont sattviques.

Nous veillerons donc dans la mesure du possible à éviter les conversations déplaisantes à table, à manger trop vite ou en étant en colère ou stressé. Bien sûr, les écrans ou autre source de distraction n’ont pas leur place à table.

Conseils

  • Éviter de manger en trop grande quantité : on dit que l’estomac doit être rempli à demi de nourriture, à un quart d’eau et à un quart de rien pour faciliter la digestion. L’idée est de s’arrêter avant le trop-plein. Par ailleurs, la sensation de satiété n’arrive pas avant 20 minutes de repas. Cela incite à manger lentement, en mastiquant bien (20-30 fois par bouchée).
  • Rester à l’écoute de votre corps : quelle nourriture vous correspond, vous fortifie, ou au contraire quelle nourriture vous endort ou est difficile à digérer…
  • Éviter de manger trop tard le soir
  • Eviter le grignotage, qui fatigue l’appareil digestif et le corps dans sa globalité. En respectant 3 à 6 heures entre chaque repas, on laisse le temps à la nourriture d’être assimilée et on évite de fatiguer son corps inutilement.
  • Rester souple, avec des possibilités d’adaptation, pour éviter d’entrer dans une attitude orthorexique
  • Éviter de manger de la nourriture qui a été congelée ou réchauffée : manger frais au maximum
  • Privilégier la nourriture issue de l’agriculture biologique
  • Éviter de boire pendant les repas pour ne pas diluer les sucs digestifs
  • Opter au maximum pour des produits avec un seul ingrédient, ou en tous cas le moins transformés possible
  • Respecter des horaires réguliers pour les repas
  • Privilégier un petit-déjeuner et un dîner léger, ainsi qu’un déjeuner plus substantiel
  • Ne pas consommer les fruits en dessert (qui fermentent dans l’estomac en attendant d’être digérés), mais seulement en dehors des repas
  • Se reposer après chaque repas, pour laisser le corps disponible pour digérer : sans lecture, discussion ou travail pendant un petit moment.

Manger en conscience

Cela permet d’être à l’écoute de ce que l’on mange (odeur, son, texture, goût, visuel), de se rendre compte réellement de ce que l’on apporte à son corps, de prendre le temps de mastiquer afin d’apprécier chaque bouchée ou gorgée, ou encore de savoir quand on arrive à satiété. Manger en pleine conscience nous aide aussi à observer les aliments qui nous font particulièrement du bien, ceux pour lesquels notre digestion est difficile, ceux que nous devons favoriser ou éviter.

Concrètement, on va donc manger lentement, sans rien faire d’autre (on éloigne les écrans ou livres pendant le repas), en faisant attention à ce que l’on fait. C’est une forme de méditation, pendant laquelle on ne s’accroche pas aux pensées mais on se concentre uniquement sur ce que l’on mange. L’instant présent, l’ici et le maintenant, puisque rien d’autre n’existe réellement.

Que manger avant et après une séance ?

Il est conseillé d’attendre 3 heures après un repas pour pratiquer le yoga, l’idéal étant de pratiquer le matin à jeûn. Il est important d’avoir le ventre vide avant une séance car il est très inconfortable d’exécuter des postures après un repas, même pour une séance douce. Toutefois, on peut prendre une collation, 1h avant minimum, légère, comme des fruits secs, une energy ball, une tisane…

Après une séance, on peut se réhydrater (il n’est pas conseillé de boire pendant la séance), et manger légèrement après 15 à 30 minutes, comme des fruits ou des noix. Puis un repas classique 45 minutes à 1 heure après la fin de la séance.

Quelle posture pour digérer ?

De façon générale, les postures où les genoux sont approchés de la poitrine sont bonnes pour la digestion, ainsi que les torsions, et les postures allongées sur le ventre :

  • Posture des genoux à la poitrine, en position couchée
  • Posture de l’enfant
  • Torsion allongée
  • Posture du sphinx
  • Posture du crocodile
  • Ainsi qu’une respiration alternée, anuloma viloma

Bibliographie

  • Yoga Cook Book, Garlone Bardel, Anne-Claire Meret
  • Yogi Food, Clémentine Erpicum
  • Alimentation et yoga, André Van Lysebeth
  • Le yoga de l’alimentation, Charles Eisenstein

Photo : Yoav Aziz

Namaste.

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